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Conférence | Eaux souterraines: pourquoi faut-il les étudier et les préserver? Dr Jean-Denis Taupin

Géologie, Géochimie, Hydrologie, Aquifères, Climat

July 1, 2023

L'importance de l'eau potable et les défis mondiaux associés.

Près de 600 millions de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable, ce qui en fait un problème majeur à l'échelle mondiale. De plus, une grande partie de la production agricole mondiale, soit 40 %, dépend de l'agriculture irriguée. Cependant, il est important de souligner qu'il n'y a pas de pénurie d'eau douce au niveau mondial, mais plutôt une répartition inégale dans le temps et l'espace.

La variabilité climatique, caractérisée par des sécheresses et des inondations, révèle le manque d'adaptation des sociétés à ces phénomènes. Cependant, les problèmes d'accès à l'eau potable sont potentiellement solubles d'un point de vue technique, bien que cela puisse engendrer des coûts financiers. En effet, il faudrait environ 100 milliards de dollars par an, soit l'équivalent de 10 % des dépenses militaires mondiales, pour garantir l'accès à l'eau pour tous.

Près de 97,5 % de l’eau sur Terre est salée. Les 2,5 % restants sont de l’eau douce principalement piégée dans les inlandsis de l’Antarctique et du Groenland. Seulement environ 0,76 % du total des eaux est facilement accessible (rivières, nappes souterraines), et sa part renouvelée annuellement est encore plus faible à seulement 0,02 %. Cependant, la quantité totale d’eau douce disponible (soit 40 000 km3 ou 5 000 m3 par habitant par an) serait suffisante pour répondre à tous les besoins humains.

La disponibilité réelle de l'eau renouvelable dépend des flux d'eau, qui sont inégalement répartis à travers la planète et varient considérablement à différentes échelles de temps. Les régions tropicales sont généralement les plus affectées par cette variabilité climatique.

L'eau est une ressource essentielle pour tous les êtres vivants, constituant même les deux tiers du corps humain. Ses propriétés chimiques en font un support vital pour la vie. L'eau jouent aussi un rôle majeur dans les processus d'érosion. Ainsi, l'eau est essentielle pour façonner les paysages terrestres.

La protection de cette précieuse ressource est cruciale, car il n'existe aucun substitut à l'eau. En cas de pollution de la ressource, il peut être nécessaire d'investir des sommes considérables et d'attendre parfois des décennies avant de pouvoir en bénéficier à nouveau, sans garantie de succès. Bien que les hydrosystèmes aient une capacité d'auto-épuration et de résilience jusqu'à un certain point, leur préservation est devenue un enjeu majeur des politiques publiques face aux pressions exercées sur la ressource.

Pour les décennies à venir, trois défis majeurs se dessinent : nourrir une population croissante, répondre à la demande croissante des zones urbaines et préserver l'environnement. Les conférences internationales sur l'eau depuis les années 1970 ont contribué à façonner un modèle mondial de gestion de l'eau. Ce modèle insiste sur la gestion intégrée des ressources en eau et la transition d'une gestion de l'offre à une gestion de la demande. Cela signifie favoriser les économies d'eau, tout en redirigeant la ressource vers des secteurs plus productifs si nécessaire.

La gestion durable de l'eau est devenue une priorité mondiale pour assurer la disponibilité de cette ressource vitale pour tous les êtres vivants, l'environnement et le développement socio-économique.

"A partir des réservoirs d'eau potable partent des canalisations acheminant l’eau jusqu’aux habitations, aux exploitations agricoles, aux sites industriels et autres utilisateurs d’eau.
Le réseau français est constitué de près d’1 million de kilomètres de canalisations, dont la moitié ont été posées avant 1972 ! Cet âge avancé du réseau, lié à un sous-investissement chronique des acteurs publiques dans ces infrastructures, cause des fuites dans les canalisations. En France, environ 20 à 40 % de l’eau produite dans les stations de traitement d’eau potable ne parvient pas aux robinets des usagers, soit 1 Litre sur 5 en moyenne !" - extrait de l'article de Vivien Lecomte, publié sur le blog Ecotoxicologie https://ecotoxicologie.fr/petit-cycle-eau 

Eaux souterraines : pourquoi faut-il les étudier et les préserver dans un contexte d'anthropisation généralisée et des effets possibles du changement climatique ?

En outre, il est essentiel de mener des études approfondies sur les aquifères peu profonds (les premiers 1000m), qui sont des réservoirs souterrains d'eau douce. Les aquifères jouent un rôle crucial dans l'approvisionnement en eau potable à travers le monde, car ils stockent une grande quantité d'eau dans le sol. Cependant, leur utilisation excessive et non durable peut entraîner l'épuisement de ces ressources précieuses.

Les études sur les aquifères nécessitent des techniques avancées telles que la modélisation hydrogéologique, l'analyse des isotopes de l'eau et l'utilisation de capteurs pour mesurer les niveaux d'eau souterraine. Ces techniques permettent de recueillir des données précises sur la quantité d'eau stockée, les débits souterrains et la qualité de l'eau. Ces informations sont essentielles pour évaluer l'état des aquifères et prendre des décisions éclairées en matière de gestion de l'eau.

En fin de compte, l'étude des aquifères est indispensable pour assurer la durabilité de l'utilisation de l'eau souterraine et garantir un approvisionnement en eau potable adéquat à long terme. En combinant les connaissances scientifiques avec des politiques de gestion efficaces, il est possible de préserver ces ressources vitales et de relever les défis mondiaux liés à l'eau douce.

Dans ce nouvel épisode, le Dr Jean-Denis Taupin, géologue spécialiste en géochimie de l’eau bien connu dans son domaine vous offre une présentation sur les défis à relever pour préserver nos précieuses eaux souterraines dans un contexte d'anthropisation croissante et de changement climatique à venir.

Au cours de la présentation, le Dr Taupin présentera des méthodologies géochimiques utilisées dans l'étude des aquifères, suivi par des exemples atypiques d'étude de cas basés sur ses projets.

Avec plus de 30 ans d'expérience en géologie et des dizaines d'articles de recherche publiés dans des journaux scientifiques internationaux, le Dr Taupin est un conférencier demandé qui saura captiver votre attention.

Jean-Denis Taupin est docteur en Sciences de la Terres de l’Université Paris Orsay (1990), spécialité géochimie isotopiques en sciences de l'eau. En 1991, il intègre l'Institut de Recherches pour le Développement (IRD) comme chercheur. Sa première expérience de terrain est au sud (Niger) où il fait un premier séjour de 5 ans sur des problématiques de variabilité des précipitations au Sahel (pluviographie, données radars et satellitaires) et des problématiques de variabilité du signal isotopique de l'eau dans l'atmosphère, des eaux de surface et des aquifères. Ensuite, il passe 5 ans à Grenoble hébergé à l'Université J. Fourier pour le traitement de données et il repart 5 ans en Equateur sur des thématiques atmosphériques et glaciaires pour la compréhension du climat et paléoclimat. Fin 2005, il rentre à l'Université de Montpellier pour monter un laboratoire de spectrométrie de masse dans l'UMR Hydrosciences où il développe un certain nombre de projets scientifiques sur les problématiques d'aquifères en zone fragile (climat semi-aride, côtier) avec des missions au sud (Equateur, Brésil, Colombie, Maroc, Tunisie et Algérie) principalement sur des thématiques de salinisation, vulnérabilité, hydrodynamique et datation.

Il repart en 2022 en Tunisie pour une affectation de 2 années sur la thématique aquifère à l'échelle régionale Tunisie-Maroc-Algérie.

Un grand merci à Hélène Plihon, chercheur doctorante en géologie, pour son aide dans la préparation de cette conférence. Vous pouvez découvrir l'ITW d'Hélène ici👉 https://www.episteme-entrepreneur.com/blog/helene-plihon-geochemistry-geology-ecology-climate-carbon-mangrove-brazil