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Science, Entrepreneuriat et Cobra Kai | Feat. Ari Massoudi | Radioactif

Strike First - Strike Hard - No Mercy

Cobra Kaï

August 30, 2022

Science, Entrepreneuriat et Cobra Kai | Feat. Ari Massoudi | Radioactif

Merci encore Anthony du Cercle Cobalt pour ton invitation dans ton podcast RADIOACTIF ; j'ai passé un super moment et j'espère que vous apprécierez ma distribution de punch, de mawashi et de punchlines !

Vous pouvez suivre Anthony ici sur Twitter : https://twitter.com/CobaltAnthony

Transcription de l'entretien

Partie I : mon parcours

1) Ari, on va revenir sur ton parcours de moléculariste et d’entrepreneur, d’animateur de podcast autour de la question de l’entreprenariat dans le milieu de l’innovation. En reprenant la formule de ton podcast Episteme, je vais commencer par te demander, est-ce que Ari a toujours voulu être un scientifique et un entrepreneur, dès le collège-lycée ?

Merci pour l’invitation, ravi d’être avec vous, et bien, en tout cas, je me rappelle d’un souvenir d’enfance en Iran, je devais avoir 2-3 ans, je me rappelle que je parlais - donc je n’avais pas moins de 2 ans -, et j’étais devant la télé, les news annonçaient un prix Nobel .... et sans comprendre ce que ça voulait dire, j’ai dit à ma mère que je serais prix Nobel.

Plus sérieusement, je ne savais pas au collège ou au lycée, en tout cas avant la terminale S, ce que je voulais faire noir sur blanc. Ce n’est qu’en Terminale que j’ai cru voir mon destin dans le métier de chercheur scientifique.

Je peux uniquement te parler de la force vitale qui m’animait et m’anime toujours, j’avais une faim pour une réussite glorieuse.

Comme beaucoup d’iraniens - nous sommes prisonniers du passé -, j’ai toujours été fasciné par les grands noms de l’histoire, Cyrus, Alexandre, Trajan ... et Napoléon.

Et comme beaucoup d’iraniens, nous aimons l’argent, gagner de l’argent fait partie de notre ADN et le commerce est une des façons les plus nobles de gagner de l’argent. Et j’approuve totalement le cliché sur les iraniens « vendeur de tapis », après tout c’est l’empereur Darius qui a fait construire la route de la soie avec ses comptoirs commerciaux (ancêtres des chambres de commerce) reliant la Chine à l’Occident.

Avec mon cousin, de la primaire au lycée, on passait notre temps libre à acheter des choses avec nos économies, et à les revendre plus chers. Et je sens que les gens vont se scandaliser « vade retro satanas sale marchand ». Le prix plus élevé s’expliquait par le fait que les gens étaient prêts à payer notre prix car on avait mis des efforts pour soit leur trouver un produit qu’ils cherchaient (je rassure, rien d’illégale) ou soit, qu’on avait amélioré le produit (par exemple, une mobilette qu’on pimpait*).

D’ailleurs, cet atavisme-là, je l’ai entendu aussi chez Anthony Bourbon, le fondateur de FEED qui raconte exactement la même anecdote dans ses interviews (et c’est pour ça que je l’admire même si je ne suis pas client de ses produits).

(*On invitait des copains en section mécanique dans la maison de mes parents qui pimpaient les mob en une après-midi, mobs qu’on avait achetées d’occase en les négociant comme des fous)

Pourquoi, je te raconte tout ça, bin parce que ça fait partir des deux composants de mon ADN, la gloire et l’argent.

Donc l’entrepreneuriat par le commerce et/ou l’innovation permet d’accéder à la gloire et/ou à l’argent.

Et j’ai cru que les études scientifiques et la recherche me permettraient d’atteindre cette gloire de façon encore plus flamboyante. Erreur.

Il y a un dicton qui dit : il ne faut pas courir deux lièvres à la fois.

Soit on vise la gloire et le prestige qui va avec, soit on vise l’argent. J’ai compris cela en fin de thèse, et j’ai considéré que j’avais perdu du temps en faisant des études de sciences avec ces deux objectifs mêlés.

La recherche scientifique est un sacerdoce, une activité de moine ou d’Amish vivant en communauté où l’on doit accepter d’effacer son identité et ses ambitions personnelles au profit de la cause supérieure - la production de connaissance nouvelle pour l’Humanité -, enfin ça c’est le bullshit qu’on raconte aux fourmis mises en servage par le système. La réalité est de se sacrifier pour bâtir une pyramide à la gloire du PI ou du Mandadarin-Pharaon qui lui bizarrement étale son nom de partout en fakant l’humilité scientifique (et qui récolte tous les lauriers).

Autre raison qui a consolidée mon erreur d’appréciation, de la 1ere année à la fac de science jusqu’à la fin de la thèse, j’ai cofondé une école, une prépa médecine avec un copain d’enfance. Avec une équipe de 5 prof-étudiants, on donnait des cours de prépa aux étudiants qui tentaient le concours d’entrée en médecine (à nous 5, on couvrait toutes les disciplines et on interdisait à nos étudiants d’aller perdre leur temps en amphi). On a très bien gagné nos vies mais pendant ces 6 années, nous n’avions pas un jour de libre, on donnait les cours les week-ends, de 9h à 18h, et pendant les vacances en journée continue. On a pu le faire parce qu’on était jeune, mais quand j’y pense, c’était dingue. 6 années sans vacances ni week-end à donner des cours, sans compter qu’on devait travailler nos propres cours à la fac et nos propres exams !

Donc pendant 6 années, grâce à la science, j’ai gagné beaucoup d’argent et en ayant l’admiration et la reconnaissance des étudiants que l’on faisait réussir (on avait les meilleures stats à Nice). Je m'étais persuadé qu’avec la science, mon ADN et ma force de travail, tout cela me permettrait de toucher les étoiles.

J’ai compris que je m’étais auto-leurré. D’où ma décision radicale de quitter le monde de la recherche. 

2)  C’est un parcours qui est très atypique dans le monde de la recherche biomédicale, surtout en France, comment expliques-tu cette rareté ?

OFF [ Avant de te répondre, je vais te parler de mon parcours depuis la thèse, parce que mon commerce de billes ou de mobilettes en primaire et collège, ou mon école pendant la fac, c’est peut-être un peu loin. Je suis consultant dans le secteur des biotech depuis 2008 et ces 6 dernières années avant le covid, j’ai bossé en exclusivité pour une société d’investissement venture builder basée à Londres et spécialisée dans la santé (fondée par un ingénieur iranien qui avait fait fortune dans l’électronique grand public dans les années 70-80. Il a malheureusement décédé en 2020). J’ai eu plusieurs vies dans cette société, j’ai commencé par faire du conseil en due diligence scientifique sur les dossiers, puis j’y ai bossé comme operating partner et mon job consistait à aider nos startups sur des questions de stratégie marketing et de business development.

Si vous voulez comprendre ce qu’est une société d’investissement venture builder, je peux l’expliquer. C’est une société 1) qui lève des capitaux auprès d’investisseurs institutionnels - banques d’investissement, assurances, fonds de fonds, grandes entreprises ...- et/ou auprès d’individus fortunés, 2) avec l’argent levé, elle crée des startups opérationnelles à partir de rien, si ce n’est un brevet négocié à une université).

En France, l’équivalent est Truffle Capital fondée par le médecin Philippe Pouletty. Truffle est le builder de Carmat, la startup qui a développée le célèbre cœur artificiel à partir de ventricules de cochon. Sinon, en Belgique, il y a eureKARE spécialisée en microbiote et biologie synthétique (l’interview de l’équipe dirigeante est sur mon site Link), ou encore, en Irlande, il y a Juvenescence spécialisé dans la médecine anti-age.

Concernant mon parcours, j’ai grandi sur la cote d’azur, j’ai fait toute ma scolarité dans le sud, école primaire, collège et lycée, puis études en science à l'Université de Nice, cursus complet Deug, licence, maîtrise, DEA et doctorat.

Mes projets de recherche :

- En DEA (Master 2), c’était la transgenèse et l’expression de protéines d’intérêt dans le muscle squelettique de souris - en gros on faisait des muscles fluorescents aux UV, c’était marrant -.

- Puis en doctorat, on bossait sur les cellules souches humaines issues de biopsies chirurgicaux de nouveau-nés et d’enfants. On s’intéressait à leur capacité à se différencier in vitro et in vivo chez la souris (xénotransplantation) dans les différents lignages mésodermiques comme le tissu musculaire squelettique, tissu adipeux, tissu osseux, tissu cartilagineux. ]

Après ma soutenance de thèse, et un rapide post-doc, en prenant en compte mon gut-feeling :

- 1) je ne peux plus me piffrer la médiocrité et lâcheté de ces chercheurs fonctionnaires;

- 2) cela ne serait guère mieux ailleurs même dans les pays anglo-saxons dont le monde universitaire commençait également à se bureaucratiser fortement,

j’ai pris une décision radicale de quitter définitivement le monde académico-universitaire, alors qu’on venait de me faire une proposition royale au US - monter mon équipe en PI dans un institut de recherche flambant neuf et bien financé -. J’imagine que ton audience de scientifiques va se poser des questions, « comment se fait-il qu’on ait pu proposer à un ga qui n’a pas une liste de publis à haut impact factor, une telle opportunité ? » Et bien, sur le coup je me suis aussi posé la question, mais à y réfléchir, notre thématique de recherche était à l’époque ultra neuve et super hot (cellules souches, thérapie cellulaire et médecine régénérative), et suscitait beaucoup d’espoir thérapeutique et donc attirait beaucoup d’argent. Et je m’étais bien fait remarquer pendant mes années de thèse dans les conférences internationales en posant tout le temps des questions pointues aux stars de la discipline, et petit merdeux que j’étais sans m’en rendre compte j’avais fini par devenir plus connu que le tâcheron DR qui dirigeait notre labo.

Je n’ai aucun regret à ce jour concernant cette décision, c’est une de mes meilleures décisions. Mon seul regret c’est d’avoir fait une thèse de doctorat. J’étais aveuglé par le pseudo-prestige de ce titre et le doux rêve latent qui anime tout bon étudiant en science, découvrir des trucs incroyables et décrocher le prix Nobel.

Et là, je vais enfin répondre à ta question, comment j’explique la rareté de mon parcours. Eh bien, c’est parce que je suis dingue, une anomalie dans le référentiel français (et vraisemblablement, un petit joueur dans le référentiel anglo-saxon ?).

Je ne suis pas un penseur du libéralisme. Chaque cellule de mon corps rejette le socialo-communisto-mutualisto-égalitrarismo-fonctionnarismo-collectivisme et l’emprise par tout système. Ce que je veux dire par là, c’est que je le vis le libéralisme, c’est plus fort que moi, c’est peut-être génétique, peut-être liée à mon histoire personnelle/familiale.

Mon parcours est rare par rapport à l’époque d’où je viens. Mais heureusement, il n’est plus du tout rare aujourd’hui. Les PhD français (je précise parce qu’ailleurs - pays anglo-saxons - c’est différent) qui quittent le monde académique à la sortie de leur thèse ou après 1 ou deux post-docs, il y en a de plus en plus, même si c’est encore trop faible à mon sens par rapport aux opportunités qui existent dehors.

Au-delà, de carrière en R&D dans l’industrie, dans le conseil en innovation ou même de reconversion vers d’autres métiers, il existe aujourd’hui l’opportunité de créer des startups deep tech. Chose qui n’existait pas à mon époque car l’écosystème startup n’existait pas, et par écosystème, ça se résume à 3 points seulement :

- une offre de capitaux sous toutes ses formes : investisseurs privés (business angels, sociétés venture builder, incubateurs et accélérateurs privés, sociétés d’investissement venture capital) et de ressources matérielles (incibateurs publics, pépinières) et intellectuelles (formations, conseil, coaching)

- Une mentalité pro-startup : aujourd’hui, les gens acceptent de rejoindre un projet startup, d’y travailler sans être payé, avec la promesse d’être cofondateur et de détenir une part de la future entreprise. A mon époque, les gens te jetaient des pierres quand tu proposais ça.

- Un environnement jurdico-légal et fiscal favorisant les deux points précédents : émergence du statut SAS (société anonyme par action simplifiée), loi encadrant l’émission d’actions gratuites* par les startups (pour récompenser les cofondateurs et tous ceux qui bossent gratuitement sur un projet), réduction fiscale pour les investisseurs ... des avocats d’affaires et experts-comptables qui comprennent les spécificités des startups.

Aujourd’hui, l’offre en propriété industrielle des Universités, en capitaux privés et publics est largement supérieure à la demande des PhD désireux de créer des startups Deep Tech. C’est comme si, dans un champ, on avait dispersé des billets de banques et personne pour les ramasser !

Je vois passer trop d’annonces « startup deep tech cherche son CEO ! », il n’y a qu’en France qu’on voit ça. C’est absurde. 

3) Qu’est ce qu’il faudrait faire pour les PhD dans ce pays ? 

Je vais m’inspirer de la citation de Kennedy :

" Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. "

Qu’est-ce que les PhD devraient faire plutôt pour la France !

Mettez-vous une énorme claque et réveillez-vous, libérez-vous de votre prison mentale car oui vous êtes en servage au profit d’une institution inhumaine et au profit d’un Pharaon. Et vous allez attendre quoi ? La mort physique de ce Pharaon pour espérer prendre sa place ? Vous êtes dingue ou quoi ? Avec l’allongement de l’espérance de vie et des postes émérites à rallonge, mais jamais vous ne pourrez briller comme un Pasteur ou une Marie Curie ! C’est fini cette époque.

J’avais été interviewé par le journal de l’Association Bernard Grégory, il y a de ça 12 ans, et je le disais déjà : les PhD doivent devenir les fers de lance de l’entrepreneuriat en France.

Vous avez peur de vous jeter dans l’inconnu en quittant le misérable monde qui vous est connu, celui du monde académique ? C’est tout à fait normal d’avoir peur, ce qui est anormale est de ne pas chercher à vaincre votre peur. Et cela ne nécessite justement pas à se jeter dans le vide de l’inconnu, les bons entrepreneurs prennent des petits risques hautement calculés.

[ Afin de ne pas biaiser ma vision par ma propre expérience, j'ai interrogé plus d'une centaine de jeunes chercheurs en science dure (doctorants, jeunes docteurs et post-docs) sur ce qui les empêcher de quitter le monde Académique.
Je suis arrivé à la conclusion suivante : Parmi les jeunes chercheurs qui aimeraient quitter le monde Académique, 85% sont terrifiés par l'inconnu (source de revenu, statut social, incompétence). Et surtout, ils sont terrifiés par l'idée que c'est un aller simple et que le retour dans le monde Académique (en tout cas en France) leur sera interdit une fois qu'ils auront quittés le train en marche.

Le simple fait de ne plus avoir la possibilité de revenir dans le monde Académique est un des freins que j'ai identifié à la création de startup deep tech issues de la recherche scientifique.

Rappelons que ce frein n'existe pas pour les chercheurs fonctionnaires qui eux ont la possiblité de partir 1 an dans le privé tout en gardant au chaud leur poste de fonctionnaire. ]

Et ça consiste simplement par enlever vos œillères, à vous intéresser aux startups autour de vous, discuter avec les fondateurs de startups deep tech dans les incubateurs de votre université, lisez des livres et consommez des contenus vidéos sur l’entrepreneuriat ... et vous aurez déjà fait 50% du chemin ! Et vous réaliserez qu’il existe un autre monde qui vous attend, et où vous serez libre de vous réaliser, un monde où votre PhD a de la valeur.

Vous êtes la véritable élite de ce pays, il est temps que vous en preniez les rênes ... par le biais du capitalisme libéral.

Partie II : Cobra Kaï

1) Anthony : Tu m’as dit en Off, que Cobra Kai était une série particulière pour ta génération, est-ce que tu peux nous l’expliquer ?

Ari : En fait, j’étais en primaire quand mon grand frère a loué la cassette VHS de Karate Kid 1, et j’ai adoré ce film comme tous les gamins de mon époque. Ce film comporte tous les ingrédients de l’éveil initiatique : un gamin un peu perdu, un peu con aussi (parce que Daniel est en fait une tête à claque quand on y pense ! D’ailleurs, il y a un Youtuber qui a dézingué le personnage de Daniel pour montrer que le vrai bon ga c’est Johnny de Cobra Kai) qui va faire face à de l’adversité insurmontable lui barrant la route pour atteindre un objectif (la fille), rencontre avec un mentor, un maitre Yoda Miagi, qui l’aide à se transformer en une version meilleure de lui-même.

The Karate Kid: Daniel is the REAL Bully https://youtu.be/C_Gz_iTuRMM

C’est en fait le désir profond de tout adolescent que d’avoir un objectif de vie, et cet objectif est tout simplement de gagner une place qui compte au sein de sa tribu, sa communauté, sa nation ... et avec l’aide d’un mentor bienveillant pour y arriver.

Voilà pourquoi Karate Kid / Cobra Kai est efficace même 20 ans après.

2) Lancée en 2018 par Youtube Red, cette série est l’un des seuls succès de la plateforme avant d’être rachetée par Netflix. La série cartonne, comment tu expliques ce succès fulgurant pour une suite insensée sur du Karaté ?

C’est parce qu’ils n’ont pas trahi ce qui a fait le succès des films, ils ont conservé le kitch (même à l’époque c’était kitch) avec des combats martiaux nazes, sur le plan technique et chorégraphique, on est très loin de la flamboyance des Bruce Lee ou même de Jean-Claude Van Damme. C'est kitschissime, mais les dialogues sont excellents, les jeunes personnages sont naïfs et attachants, et les anciens sont ultra charismatiques, et Daniel est toujours aussi con, donneur de leçon et moralisateur ! Mais c’est pour ça qu’on est content de le revoir.

3) Qu'est-ce qu'incarne pour toi ces deux dojos concurrents, en termes de philopsophie ou même de politique ?

J'ai l'impression qu'il y a une forme de naïveté des années 80 qu'ils ont réussi à conserver. Pour moi, Daniel incarne un peu l'émergence du progressisme qui est arrivé à nous, contemporains. Et Johnny, c'est un peu un monde d'avant, quoi?

4) C’est une série avec beaucoup de symbolique, donc on va passer un peu de temps sur cette question, qu’est ce qu’incarnent ces deux différents dojos selon toi ? Ou même certains personnages qui renvoient à des philosophies ou certains camps politiques.

Pour être tout à fait franc, dans tous les films et séries, j’ai toujours préféré les méchants charismatiques. Donc je suis un fan des Senseis de Cobra Kai, de Darth Vador, des Golgotes dans Goldorak, de Saga Chevalier d’Or des gémeaux ... etc. D’ailleurs, mon rêve est d’être acteur pour des roles de méchant, je lance un appel au Cinéma.

5) Dans toutes les bonnes histoires, c'est les méchants qui font le succès d'un film.

Et d'ailleurs, aujourd'hui, on enseigne ça aux startups. Dans le branding, souvent, on pense que c'est juste le logo, le slogan et la charte graphique de ta boite. En fait c'est pas du tout ça. Ca c'est juste la fin du branding. Le branding, c'est ton manifeste de guerre. En fait, les startups sont des unités de combat qu'on lance dans le monde économique pour mener des guerres. Donc quand vous faites une guerre économique, vous devez avoir un objectif et vous devez avoir un ennemi - le méchant de votre film -. Et cet ennemi doit être aussi Colorful, aussi charismatique que vous. Steve Jobs-Apple avait comme ennemi Windows-Bill Gates, même si c'était artificiel, parce que ce Windows n'était pas vraiment un concurrent. Ford a comme ennemie Musk-Tesla ou vice versa. Pepsi versus Coca Cola. Et donc en fait, il faut avoir des ennemis qui sont à notre hauteur et qui sont aussi charismatiques. Si vous êtes une startup biotech, évidemment, vous n'allez pas attaquer Big Pharma. Si vous êtes une startup biotech qui a développé une thérapie anticancéreuse révolutionnaire, vous n'allez pas vous dire "mon ennemi c'est Pfizer", non ? Votre ennemi, c'est la maltraitance des malades par la chimiothéraphie. C'est un ennemi-concept. Quelque chose de grandiose qui permet de galvaniser vos soldats, confondateurs et employés, mais aussi tous les gens qui vous soutiennent dans votre combat. Et en fait, tout ça, on les a capté du storytelling, des séries et du cinéma, ce qu'on appelle le manifeste. Tu verras, aujourd'hui, il n'y a plus une startup qui n'a pas son manifeste, qui sort sa déclaration de guerre. Certes, ils vous diront jamais que c'est une déclaration de guerre. Ils vont dire "c'est nos valeurs, nos croyances". Mais il y a toujours un moment donné, ils parlent d'un ennemi. C'est soit un ennemi incarné, une autre marque, soit c'est un ennemi conceptuel. Et si cet ennemi conceptuel n'est pas aussi charismatique alors votre combat n'a pas de valeur, il ne mérite pas d'être mené. Luke Skywalker, son combat serait pourri si son ennemi n'était pas Darth Vador et le coté obscure de la force ? Daniel et Johnny n'auraient pas de combat à mener si en face d'eux il n'y avait pas ces deux senseis aussi charismatiques et méchants que John Kreese et Tony Silver.

La startup, c'est une tribu. C'est au sens littéral et primaire de la chose. Quand tu crées une startup, tu crées une tribu, vous êtes une tribu, vous êtes un commando d'élite pour une guerre économique. Et comment tu crées une tribu ? Avec des croyances et des valeurs communes et aussi avec des apparats communs. Vous êtes un gang, vous êtes un gang économique. Et pourquoi est ce que ça marche ? Les startup ou les séries comme ça ? Parce que ça fait vibrer ce qui anime les gamins, les adolescents. Ils veulent appartenir à une tribu pour porter des couleurs. Tu sais que ça fait partie de nous. Ça fait vibrer notre ADN. Notre désir profond d'appartenir à une tribu. C'est quelque chose de génétique. Et c'est pour ça que ces séries là font écho à ce qui est au plus profond de nous.

6) J'avais déjà entendu ça dans une start up. C'est important, la culture. Et qu'est ce que vient faire la culture dans une startup ? Justement, je te pose la question pourquoi j'ai entendu ça ? Pourquoi ils mettent l'accent sur la culture au sein d'une startup ?

C'est l'anthropologie évolutive et la génétique profonde de l'humanité. Nous sommes des êtres sociaux. Nous avons un besoin vital d'appartenir à une tribu pour mener des guerres contre d'autres tribus. C'est aussi simple que ça. Il n'y a pas besoin de chercher plus loin et une fois qu'on gagne, on collabore. Mais d'abord, il faut gagner. Et pour faire partie d'une tribu, c'est quoi les ingrédients ? Qu'est ce qui lie les individus ? Une tribu, ce n'est pas juste un groupe d'êtres humains. C'est pas juste des potes qui boivent des bières. C'est quoi une tribu ? C'est des êtres humains qui sont liés par des croyances et des valeurs fortes pour lequelles ils sont prêts à se sacrifier (au sens symbolique comme ne pas compter ses heures de travail). Les startupers, en tout cas les fondateurs et les primo-employés cad le cœur de la startup, c'est un peu ça. C'est vraiment un commando d'élite à la vie à la mort pour la cause. On est là pour dézinguer l'ennemi. Si tu es Uber, tu veux dézinguer les taxis. Les mecs, ils avaient ça en eux, c'était leur foi. Tu es à Airbnb, tu veux dézinguer les hôtels. Et ça, il faut que ça soit partagé avec les cofondateurs et le cercle intime des premiers employés. Ensuite, tu propages ton combat et ça devient une culture. C'est à dire que c'est une façon de penser qui est partagée avec les membres de ton groupe. Et ça, ça fait de toi une tribu. C'est ce qu'on appelle la culture d'entreprise ou la culture d'une startup. Ce qui est faux est de parler de "culture startup", ça ne veut rien dire. Chaque startup a sa culture. C'est pour ça que quand toi tu arrives, tu tapes à la porte d'une startup pour un job d'employé, soit ça matche, soit ça casse. Et tu as beau être le meilleur ingénieur IA ou je ne sais pas quoi dans ton domaine, si tu matches pas avec la culture, c'est à dire avec cette vision (croyances, valeurs, enemi à dézinguer) qu'ont les fondateurs, bah ça casse et tu t'en vas. Ils préfèreront prendre quelqu'un qui est moins bon techniquement mais qui va matcher immédiatement avec leur culture. 

7) Je me rend compte qu'on ne sort jamais de notre histoire évolutive et de notre biologie. Même dans un projet professionnel, on va impliquer des instincts grégaires pour renforcer la solidarité et l'efficacité de la structure.

Absolument. On ne change pas, on est des primates. Tu sais, on se moque beaucoup de BHL, mais il y a au moins deux phrases* qu'il a dit de toute son œuvre que je pourrais les tatouer sur le corps tellement que je les trouve intelligentes. La première phrase, c'est : « la civilisation c'est une goutte d'huile flottant à la surface d'un océan déchaîné ». Et j'ai transposé cette phrase à : « l'intelligence ou le cerveau cognitive de l'humanité, c'est une goutte d'huile flottant à la surface d'un océan déchaîné de passions et de pulsions ». Et cette goutte d'huile, cette goutte d'Intelligence, d'intelligence cognitive, c'est peanut par rapport à ce qu'on est réellement. On est des primates, on est des gorilles, on est des chimpanzés. Il ne faut jamais oublier, ce qui est au plus profond de nous. On est ce fauve. Il ne faut pas penser que je suis entrain de viriliser la discussion, car ça concerne les hommes et les femmes. Nous sommes des fauves, des espèces de primates avec des canines énormes. Tu vois les babouins, c'est nous. J'adore ces singes parce qu'ils sont violents, même physiquement, ils sont violents. C'est ça, c'est ce qu'on est. Et tu mets par dessus ça, une goutte d'intelligence, de civilité et de civilisation.

(*La deuxième phrase qu'il a dit : "il faut lire beaucoup, mais ne pas héister à violer les textes", sous-entendu, s'approprier les idées et les concepts pour les transformer. De mémoire, il me semble que c'est dans l'émission de Ruquier - ONPC - que BHL a dit ces deux phrases).

8) Tu sais. En fait, je viens de comprendre pourquoi tu as aimé Terry Silver, parce que il est comme ça. John Kresse, pour le coup, Il n' a pas d'aspect business. Il fait vraiment ouvrier blanc. Il a son passif militaire, il veut transmettre ça. Alors que Terry Silver, il a vraiment ce côté business man, combatif en plus. Lui, Terry Silver, il les prépare pour l'avenir en réalité. 

C'est ça. D'ailleurs, il veut ouvrir pleins de dojos. Il est dans cette vision de conquête. Et ce n'est pas du tout le cas de John Kreese. Là pour le coup c'est totalement différent. Lui il veut juste son dojo, sa revencge et c’est tout.

Aujourd'hui, dans notre monde, entre guillemets, pacifiés, on a déporté notre instinct et donc notre besoin d'appartenance tribal, et notre besoin de mener des guerres pour tuer l'autre, dans les startups pour mener des guerres économiques. Mais là, c'est symbolique. C'est comme les supporteurs d’un club de foot dans un stade. Ils vont dans un stade de foot pour exulter leur instinct grégaire tribal et guerrier, parce qu’ils ne peuvent pas le faire avec des arcs et des flèches. Et si t'es un peu plus intelligent, tu crées ou tu rejoins une startup pour exprimer ce besoin vital, cet instinct grégaire tribal et ta guerre sera économique. Si un client ne te paye pas, tu vas pas le tuer. T’es pas la mafia. Tu vas râler sur les réseaux sociaux.

Et Terry Silver, à partir du moment où John Kreese réveille le monstre qui est en lui, il vient et dit: "Bon, bin voilà, on va mener notre guerre économique, on va répandre la marque Cobra Kaî de partout ".

9) On a vraiment pu cibler pourquoi tu adores ce personnage. Je pense qu'on a fait le tour. En tout cas, ça a été super de t'avoir et d'avoir pu parler d'entrepreneuriat, du monde de la science, de Cobra Kaï. Tu voulais dire une dernière chose ?

Écoute ça a été un grand plaisir, et en plus, même la partie Cobra Kaî qui était un peu plus détente m'a permis de rebondir sur le branding, le storytelling et les startups comme étant un objet tribal de guerre économique.

Si il y a des doctorants ou des post-doc qui sont intéressés par la création d'entreprise et qui veulent échanger avec moi, je suis joignable de partout sur les réseaux sociaux. N'hésitez pas à me contacter. Je serais ravi d'échanger avec vous.

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